L’impact de l’effet de serre sur les pays en voie de développement
Au cours des 25 dernières années, le réchauffement climatique s’est accéléré en raison de l’accroissement des concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Mais que faire pour limiter son impact sur les pays en voie de développement?
Effet de serre et réchauffement climatique
L’effet de serre est un processus thermique naturel. Lorsque le rayonnement solaire atteint l’atmosphère terrestre, une partie des rayons est directement réfléchie. Les rayons incidents sont absorbés par l’atmosphère ou la surface de la Terre. Ils lui apportent de la chaleur sous forme d’énergie, qu’elle restitue à son tour sous forme de rayons infrarouges. Ce rayonnement est alors en partie absorbé par les gaz à effet de serre (GES) présents dans l’atmosphère.
Ce phénomène est indispensable à la survie de la planète, puisqu’il permet de maintenir une température moyenne sur Terre de 15°C. Sans lui, cette température chuterait jusqu’à atteindre -100°C. Naturellement peu abondants dans l’atmosphère, les GES voient leur concentration augmenter du fait de l’activité humaine et de la combustion d’énergies fossiles.
En Mars 2015, la concentration mondiale en CO2 a atteint 400 ppm, soit son plus haut niveau depuis plus d’un million d’années. Aujourd’hui, le taux de CO2 présent dans l’atmosphère est 40% supérieur à celui du début de la révolution industrielle. Selon les pires prévisions, l’augmentation incontrôlée de l’effet de serre pourrait provoquer une augmentation de +10°C en moyenne de la température terrestre d’ici 2150. Les conséquences de l’effet de serre sont plus ou moins difficiles à prévoir, mais elles risquent de provoquer un véritable changement climatique.
Son impact sur les pays en voie de développement
Actuellement, les pays industrialisés sont les plus gros émetteurs de GES. Mais ils devraient voir leurs émissions de CO2 divisées par 3 d’ici 2050, sous l’effet des évolutions technologiques et des contraintes politiques. Au contraire, les pays en voie de développement dont les populations vont doubler et se hisser aux niveaux de consommation des pays industrialisés, devraient multiplier par 6 leurs émissions de CO2. En 2050, leurs émissions seront alors 7 fois supérieures à celles des pays industrialisés.
Les populations des pays en voie de développement sont encore très dépendantes de leurs activités agricoles. Les conséquences du changement climatique ont donc un impact direct sur leur survie. En effet, le réchauffement global des températures provoque une augmentation mécanique du volume d’eau de mer. Ce qui entraîne l’engloutissement des terres basses et met en péril de nombreuses espèces végétales et animales. Les cycles hydrologiques sont perturbés et les phénomènes climatiques extrêmes (tempêtes, cyclones, sécheresses, etc.) se multiplient. Ils engendrent notamment la chute des rendements agricoles dans les zones arides, et donc des risques de famines. Le changement climatique influence également le développement des maladies tropicales et les infections gastro-intestinales.
Dans les zones sèches, la rareté de l’eau limite la production des récoltes agricoles, de fourrages, de bois, etc. Ces zones sont donc très vulnérables à la variabilité du climat et aux pressions humaines croissantes qui entraînent la dégradation persistante des écosystèmes. Ce phénomène appelé «désertification» est considéré comme une rupture des équilibres fragiles ayant permis le développement de la vie végétale, animale et humaine. Elle aboutit au déclenchement de processus d’autodestruction. L’érosion des sols, l’abaissement des nappes phréatiques, les aléas de la régénération naturelle des végétaux et l’appauvrissement chimique des sous-sols qui sont des conséquences immédiates de la désertification, en deviennent des facteurs aggravants. De même, la désertification est une conséquence du réchauffement climatique, qui contribue à l’aggraver en diminuant la capacité de séquestration du carbone. Il s’agit là d’un des plus grands défis environnementaux actuels.
Qu’est-ce qu’un Bilan Carbone?
Seul le développement de méthodes de gestion environnementale telles que le Bilan Carbone permettra d’enrayer ces changements climatiques. Cette démarche vise à évaluer les émissions de GES générées par les activités d’une entité humaine (individu, entreprise, pays, etc.), sur une période de temps donnée. Pour un pays, l’objectif est d’identifier ses émissions de GES, de hiérarchiser leur poids, d’apprécier sa dépendance aux énergies fossiles et de proposer des pistes d’orientation pour la réduction des ces émissions.
L’empreinte carbone d’une population correspond donc aux émissions de GES associées à sa consommation en biens et en services sur un an. On distingue les émissions directes qui correspondent à la consommation d’énergie fossile du territoire (chauffage, carburant, électricité, etc.), des émissions indirectes relatives à l’énergie consommée pour fabriquer tout ce qui est consommé ou utilisé sur le territoire (fabrication d’une voiture, circulation de cette voiture, etc.). Ces émissions sont exprimées en équivalent de tonnes de dioxyde de carbone (teq CO2). Le Bilan Carbone est donc un outil de sensibilisation et d’analyse précieux.
Du bilan au plan d’actions
La comptabilisation des émissions de GES permet à un pays de cibler les sources principales d’émissions et d’identifier des leviers d’actions de réduction. Le développement de solutions techniques et de pratiques visant au rendement énergétique lors de l’utilisation finale de l’énergie dans les secteurs du bâtiment, des transports ou de la fabrication représentent un fort potentiel de réduction. La mise au point de systèmes d’approvisionnement énergétique à faible intensité de carbone correspond également à un levier intéressant. On compte notamment l’utilisation grandissante de la biomasse émanant de sous-produits forestiers et agricoles, des déchets municipaux et industriels et des plantations, l’emploi plus fréquent de centrales de cogénération, la construction de décharges contrôlées de méthane et le lancement sur le marché d’éoliennes efficaces. Les émissions de GES des centrales alimentées par des combustibles fossiles et / ou par de la biomasse pourraient être sensiblement réduites grâce à l’élimination et le stockage du carbone pré- ou post-combustion. Enfin, les émissions de gaz industriels pourraient être réduites au minimum en améliorant leur récupération, leur recyclage et leur confinement.
L’apprentissage social et l’évolution des structures institutionnelles pourraient également contribuer à l’atténuation du changement climatique. En effet, l’évolution des normes culturelles et des règles collectives vers une réduction des émissions de GES permettrait un changement radical des modes de production et de consommation. A court terme, il existe des possibilités d’influencer les comportements individuels et organisationnels grâce à des innovations sociales, notamment dans les secteurs des transports et du logement (co-voiturage, éco-conduite, etc.). A plus long terme, de telles innovations associées à l’évolution des techniques pourraient accroître le potentiel socio-économique d’un pays. Pour surmonter les résistances, il sera nécessaire d’encourager le grand public à participer davantage au processus de prise de décisions en créant un cadre institutionnel, réglementaire et juridique adapté. Pour finir, certains pays sont adeptes du système de la «compensation carbone volontaire». Il s’agit d’un mécanisme de financement par lequel une entité substitue, de manière partielle ou totale, une réduction à la source de ses propres émissions de GES par une quantité équivalente de «crédit carbone» en les achetant auprès d’un tiers.
Ainsi, les gaz à effet de serre produits par un continent peuvent avoir une répercussion sur tous les autres. L’effet de serre est donc une problématique mondiale qui appelle à la responsabilité de tous les pays, à la collaboration de tous les acteurs et à la solidarité entre générations. L’établissement d’un Bilan Carbone et d’un plan d’actions permet de contribuer à une nouvelle approche de la durabilité et de l’équité.